Stéphanie, en couple depuis 2 ans, est insultée, dénigrée, bousculée quotidiennement par son concubin. Comme il ne la frappe jamais, elle ne sait pas s’il s’agit de violences conjugales. Que faire ? Muriel vous répond.

femme-violence2Une femme victime de violences conjugales a des bleus.

Faux. La loi du 9 juillet 2010 est très claire à ce sujet puisque, dans l’article 222-33-2-1, elle indique que « le fait de harceler son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ».

S’ajoute à cela une aggravation des sanctions si l’incapacité totale de travail est égale ou supérieure à 8 jours.

Ainsi, les insultes, le dénigrement, les cris, la menace du placement des enfants, le chantage au suicide, le contrôle des faits et gestes du conjoint, les menaces de mort, les pressions destinées à obtenir des rapports sexuels sont des actes graves et punissables par la loi.

Par ailleurs, notons que ces violences sont très répandues puisque 22 % des Européennes ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, tandis que 43 % ont été victimes de violences psychologiques (1).

Les auteurs de violences psychologiques et de violences physiques ne sont pas les mêmes.

Faux. Violences psychologiques et physiques sont intimement liées.

Si certains auteurs de violences psychologiques ne frappent jamais leur compagne, tous les auteurs de violences physiques établissent d’abord leur emprise par des violences psychologiques.

Nous remarquons aussi que certains choisissent la démarche inverse : condamnés par la justice pour avoir donné des coups à leur femme, ils modifient a posteriori leur mode opératoire en cessant les agressions physiques et en aggravant les atteintes psychologiques qui sont moins identifiables, plus difficiles à prouver.

De plus, les violences psychologiques perdurent longtemps après la séparation. L’auteur, qui n’a plus accès aux espaces d’intimité lui permettant d’exercer des violences physiques, maintient une pression psychologique sur sa victime, à distance. Lorsqu’il y a des enfants, ceux-ci deviennent le vecteur de cette violence : menace latente sur leur vie, leur sécurité ou leur bien-être, refus de présentation, dénigrement de la mère, contestation du paiement des pensions alimentaires, etc.

On oublie tout de même plus facilement les violences psychologiques.

Faux. Les violences psychologiques affectent durablement l’intégrité de la personne, sa confiance en elle, sa force vitale. Elles instaurent un climat de peur, d’emprise et de découragement qui l’empêche littéralement de réagir.

In fine, la vie des victimes est en danger, car des états dépressifs très fréquents comportent un risque de passage à l’acte suicidaire. De plus, elles peuvent développer des troubles anxieux, psychosomatiques et adopter des conduites addictives. Ces violences ont donc des conséquences graves sur la santé.

Par ailleurs, ces agressions sont d’autant plus sournoises qu’elles sont difficiles à identifier pour la victime et son entourage amical, familial, professionnel.

Je souhaite aussi insister sur le fait que, même si la loi reconnaît les violences psychologiques, dans la pratique, de nombreux professionnels sont encore mal formés, les minimisent et ne prennent pas la mesure du danger qu’elles font courir aux femmes.

De plus, rares sont les procès gagnés par des dames victimes de violences psychologiques.

Outre l’identification des violences et la reconnaissance de leur gravité, le travail des associations spécialisées est de redonner aux dames confiance en elles. Les ateliers et les groupes de parole leur permettront, entre autres, de retrouver leur capacité d’agir.

(1) Source : Parlement européen – Violence à l’égard des femmes : la vérité qui dérange, 7 mars 2014.