« Je reviens de l’enfer. J’ai subi du harcèlement pendant plus de 5 ans. Mon mari a voulu me détruire, à l’usure, psychologiquement. Mais j’ai réussi à me mettre à l’abri avec mon enfant. Jamais je n’aurais pensé qu’un jour  je pourrais être une victime.» Élisa

mains-de-femme2Tout a commencé à la naissance de notre enfant

À notre rencontre, il était très gentil, presque trop même. Puis, à la naissance de notre fille, il a commencé à changer, se montrer insatisfait, me critiquer. Au fur et à mesure des années, il s’est transformé en un monstre. Il était d’une méchanceté extrême, me traitant de mauvaise mère, trouvant toujours quelque chose à dire pour me faire du mal avec des phrases assassines continuelles.

Il ne s’adressait à moi  que pour me rabaisser, m’enfoncer. Je ne pouvais répondre sous peine de vivre de véritables lavages de cerveau. Soit il était en colère et agressif lorsqu’il me parlait soit il ne m’adressait pas la parole et faisait comme si je n’existais pas. Pour vous dire, il ne me disait ni bonjour ni au revoir.

Comme il ne me frappait pas, je pensais faussement qu’il ne pouvait s’agir de violence. Mais j’ai appris par la suite que la violence psychologique était souvent pire que la violence physique. Il ressemblait à Mr Jekyll et Mr Hyde. Par exemple, il me harcelait, puis tournait la tête vers notre fille et lui disait tout gentiment : « Ça va ma chérie ? » avec un grand sourire.

Il faisait toujours cela à huis clos, jamais devant les autres : personne ne pouvait se rendre compte de ce que je vivais.

Mon mari contrôlait tout, me faisait peur et me rabaissait

Il voulait contrôler ma vie dans les moindres détails, mais aussi ce qui avait trait à l’éducation de notre fille : je ne pouvais plus décider de rien. Il voyait le mal partout, m’accusait de choses totalement fausses, me disait que j’étais sournoise, que j’agissais derrière son dos. Il se servait de ce qu’il savait de moi pour le retourner contre moi. À l’inverse, il ne me confiait jamais rien.

Il me terrorisait. Je cédais sous la contrainte. Plus rien n’était spontané chez moi. Dès qu’il rentrait à la maison, qu’il mettait la clef dans la porte, je commençais à être stressée, car je savais qu’il allait s’en prendre à moi.

Lorsqu’il me reprochait quelque chose, j’essayais de me justifier, mais il passait rapidement à une autre remontrance : je ne pouvais pas résoudre tous les problèmes dont il m’accusait. Aucune discussion n’était possible, il retournait tout contre moi, tout était toujours de ma faute même quand cela n’avait aucun rapport avec moi. J’avais l’impression qu’il me considérait comme son ennemie et je ne comprenais pas pourquoi.

Je pensais qu’il devait m’en vouloir pour quelque chose dont je n’étais pas consciente, et qu’en faisant ce qu’il souhaitait à la lettre, j’allais arranger la situation. Mais rien n’était assez bien à ses yeux. C’était un puits sans fond.

Tout faire pour éviter les conflits

Si, au début, j’étais toujours en train de me justifier, j’ai bien compris que cela empirait les choses et j’ai fini par me taire, par ne plus rien dire. Alors qu’auparavant je prenais pour argent comptant les horreurs qu’il m’assénait, j’ai réussi à tenir le coup en me persuadant que sa parole n’avait aucune valeur. De même, au lieu de lui trouver des excuses (son travail serait-il trop stressant ou ferait-il une dépression déguisée ?), j’ai compris, après plusieurs années, que cette façon d’être était en lui et que rien n’y changerait.

J’étais inconsciemment convaincue qu’il me voulait du mal et, pourtant, je ne voulais pas me l’avouer. 

J’ai eu le déclic grâce à un proche

Un jour, un proche m’a conseillé d’appeler le 3919 (numéro national d’écoute sur les violences conjugales). La personne avec qui j’ai alors discuté au téléphone a souligné que la situation que je vivais n’était pas normale et m’a fait prendre conscience des répercussions possibles sur mon enfant.  Elle m’a donné l’adresse d’Elle’s Imaginent que j’ai contactée. J’ai rapidement passé un entretien avec une psychologue. Rien que le fait que l’on reconnaisse ce que j’avais vécu, que l’on me comprenne était énorme pour moi.

L’association a confirmé les impressions que j’avais et m’a expliqué que les personnes violentes projettent sur l’autre tout ce qu’elles sont. Voilà pourquoi elles nous font croire que nous sommes complètement folles, manipulatrices, et j’en passe ! Les accueillantes m’ont appris à reconnaître le cycle des violences chez mon mari : la méchanceté puis les accalmies passagères lorsqu’il se rendait compte que j’étais décidée à partir… et puis cela recommençait

Ce que j’ai aimé dans l’association Elle’s Imagine’nt

Les membres de l’association ont respecté le fait que je n’étais pas encore partie. Elles savaient qu’il fallait du temps et que le départ ne se faisait pas en un claquement de doigts. Elles ne m’ont jamais jugée, bien au contraire. Ce furent des mains tendues. Au moment de la séparation, elles ont été extrêmement présentes, m’appelant régulièrement et me donnant plein de conseils judicieux, que j’ai appliqués et qui ont porté leurs fruits.

L’association est constituée de psychologues, d’assistantes sociales, qui peuvent passer à l’action. Je ne sais comment faire pour les remercier tellement leur aide m’est précieuse et inestimable.

Aux groupes de parole, nous pouvons être 2 ou 10, cela dépend de la disponibilité des femmes. La plupart du temps, nous formons un noyau de 4 ou 5.  Cela fait un bien fou de voir que l’on n’est pas toute seule. Nous échangeons des conseils, entre femmes, dans un non-jugement absolu.

Ainsi, nous arrivons à analyser ce qu’il peut se passer si nous ne nous séparons pas de ce conjoint violent, à réaliser les conséquences néfastes sur nos enfants. Ce moment d’échange m’a permis d’anticiper les situations, d’envisager des façons de me protéger et de protéger ma fille.

Nous parvenons même à rigoler de nos bourreaux tellement ce que nous vivons est horrible et inracontable à l’extérieur. Nous sommes toutes différentes : de classe sociale, d’origine, de religion, d’âge… mais ce qui m’a frappée, c’est que les  bonshommes dont nous parlons sont les mêmes : dans leurs comportements, leurs manières d’agir, leur degré de perversité et de manipulation. Chaque fois qu’une femme raconte ce qu’elle vit, j’ai envie de dire : « moi aussi, il m’a fait cela, moi aussi, il était comme ça ».

Un livre qui donne de précieux conseils

Quelques mois après mon contact avec l’association, une personne, que le hasard de la vie m’a fait rencontrer et qui avait une fille dans la même situation que moi, m’a recommandé le livre « divorcer d’un manipulateur. Un emploi à plein temps » de Christel Petitcollin.

Tout y est expliqué très clairement. J’avais l’impression que cet ouvrage parlait de mon propre cas tellement les faits relatés ressemblaient à ma situation ! Il donne des conseils pour pouvoir partir, décrit le profil des hommes violents et les raisons de cette violence. L’auteur explique notamment que les conjoints violents n’ont aucune empathie ni pour leur famille ni, difficile à croire, pour leurs enfants.

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